Non, l'irrigation du maïs n'est pas toute l'agriculture du département

Publié le par emmanuel

  • La région Poitou-Charentes est la 5ème région de France pour la culture du Maïs et dans notre département cette culture ne représentent qu’environ 1/5ème des surfaces cultivées en céréales ou oléagineux, soit 55 000 ha, avec environ moitié maïs-grain et moitié maïs-fourrager utilisé directement sous forme d’ensilage par des éleveurs de bovins.
  • Seuls 12 200 ha de maïs-grain (43%) et 3500 ha de maïs-fourragers (13%) sont irrigués en Deux-Sèvres (1)       ( c'est  36 000 ha en Charente-Maritime )
  • Ces 16 000 ha irrigués, auxquels il faut ajouter pour un faible partie du maraichage et des vergers, ne représentent que 6% de la Surface Agricole Utilisée du département, avec une plus forte proportion dans la partie sud, en particulier la zone « Mignon-Courance » et « Clain du sud » ( plus de 15% de la SAU irriguée), puis « Boutonne » et « Aume-Couture » ( plus de 10% de la SAU). (2)
  • De même, au recensement agricole 2000, 1044 exploitants agricoles sur les 4000 du département déclaraient avoir utilisé au moins une fois l’irrigation ; si l’on s’en tient aux seuls secteurs « grandes cultures / polyculture élevage » on parle alors de 700 irrigants sur 2000 agriculteurs (soit un peu plus d’un sur trois). La culture irriguée est dans ce cas le maïs à 86%.

Donc cela veut dire que 700 exploitants sur 2000 irriguent 16 000 ha de maïs soit 6% des surfaces cultivables, mais aussi que 1400 autres n’irriguent pas et que 257 800 ha d’autres céréales, maïs et oléagineux sont cultivés en sec !

Ce maïs irrigué ne représente donc qu’une faible partie de la production céréalière/oléagineux : 1.2 Millions de quintaux de maïs-grain « irrigués », autant  de maïs-grain « sec »,  9.1 M d’autres céréales (blé, orge) et 1.6 M d’oléo-protéagineux (colza,  tournesol, lin) (3)

 

  • Un céréalier irrigant du département exploite en moyenne 180 ha dont 50 sont irrigués. Une parcelle irriguée permet d’obtenir un meilleur rendement en grain d’une quinzaine de quintaux/ha, soit 92 q/ha contre 77 q/ha en sec en Poitou-Charentes (4) .
  • Un très récent sondage (5) sur une douzaine d’exploitations représentatives du bassin versant de la Courance confirme ces différences :  75/80 q/ha en sec, 100 q/ha en zone basse non irriguée, 110 q/ha en plaine irriguée (terres de groies).
  • Au niveau des revenus, la différence est sensible en faveur des irrigants (6) :  un produit brut supérieur +260€/ha mais des charges plus importantes  +217€/ha,  avec au final un Revenu Courant avant Impot plus élevé de 41€ par ha, soit 42 500€/an pour l’exploitation moyenne de 180 ha  (un écart de +7400€ par rapport à la même exploitation en sec).
  • Cette situation provenait également d’un écart important dans le montant des aides « compensatoires » de la PAC avant 2003. Dans notre département, les primes étaient de 444€/ha pour une surface irriguée contre 313€ en sec.(7)
  • Cependant, depuis la réforme de la PAC de 2003, les aides aux cultures (DPU) sont partiellement « découplées » de la production, il n’y a plus de surprime pour les surfaces irriguées, et de plus il existe une aide « limitation de l’irrigation » de 253 €/ha pour les parcelles qui ne seraient plus irriguées.
  • Malgré cela, la diminution des surfaces de maïs irrigué n’est pas encore très importante après 5 ans, de 4000 ha sur la zone Mignon-Courance avant 2003, nous sommes passé à 3000 ha en 2008, avec en corolaire une baisse de 6 Mm3 à 4 Mm3 de volume d’irrigation consommé pour cette zone, par exemple. (8)
  •  L’irrigation et l’augmentation des rendements s’accompagnent évidemment de l’utilisation de plus d’azote (+22%), de plus de désherbants et insecticides (+25%) (9) , avec un impact direct sur la qualité des eaux de consommation puisée en nappes peu profondes dans le sud du département.
  • Ceci est parfaitement visible sur l’évolution parallèle des courbes figurant le nombre croissant des forages et donc le cumul des débits d’irrigation d’une part, et celle de l’augmentation des taux de nitrate relevés aux stations de pompage AEP des syndicats d’eau potable de la Courance ou de la Boutonne dès les premières années de l’irrigation (10)

 

(1) statistiques agricoles Agreste 2008

(2) Agreste RA 2000

(3) Agreste – statistiques agricoles 2008

(4) Agreste - Enquête Pratiques Culturales 2001

(5) AgroParisTech – Etude du bassin versant de la Courance

(6) Agreste –RICA 2000 –OTEX 13

(7) ONIC

(8) Enquêtes Chambre d’agriculture des Deux-Sèvres

(9) Agreste- Enquête Pratiques Culturales 2001

(10) Etude Géoaquitaine 1993

Publié dans Dossiers généraux

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article