Réponse à l'article du Courrier de l'Ouest du 12 juin 2009

Publié le par la pie des deux-sèvres


Rappel du contexte

Il est utile de faire un retour de seulement 20 ans en arrière pour mieux comprendre le présent :

Au milieu des années 80, le développement de l’irrigation est à son maximum.

La capacité d’irrigation en Deux Sèvres est alors de plus de 55 millions de mètres cubes en 3 mois d’été.( les plus secs et aussi les moins pourvus en ressource)

Dans le même temps la totalité de la population Deux-sèvrienne  consomme en une année entière 30 millions de mètres cubes.

Les années 89 et 90 sont très sèches, l’irrigation aggrave la situation en pompant plusieurs dizaine de millions de mètres cubes en été.

Arrivent alors les premiers assèchements jamais connus sur certaines rivières pérennes : Boutonne, Sèvre Niortaise, Courance etc, soit environ 600 kilomètres concernés sur les 2000 du  réseau de rivières du département (chiffre CSP[1] donnés lors des observatoires de l’eau)

En réaction à cette situation nouvelle se créent des associations de protection de l’eau telles que l‘APIEEE en Deux Sèvres.

La loi de janvier 1992 arrive hélas trop tard, et même si de nouvelles dispositions réglementaires voient le jour, des habitudes fortes ont été prises  par la profession agricole.

A partir de là ces habitudes seront défendues avec ardeur.

 

Depuis cette date la gestion de l’eau est abordée sous l’unique angle agricole. La question posée est la suivante : comment limiter les prélèvements en eau sans altérer la maïsiculture tout en n’obérant pas l’alimentation en eau potable ?

C’est en posant la question de la sorte qu’on été définies les premières règles de restriction d’usage de l’eau avant l’arrivée de la loi de 1992.

Les premières convention de limitation des usages de l’eau en 1991 ont été passées sur certains secteurs entre la profession agricole et les syndicats d’eau potable.

C’est ainsi qu’on été choisis un certain nombre de lieux en nappes ou cours d’eau à partir desquels des niveaux d’alerte ont été définis.

L’équation à résoudre n’intégrait pas du tout la protection des écosystèmes, notion qui n’a été introduite qu’après 1992 avec beaucoup de difficultés.

 

Avant 92 les préfets ont agi avec les « moyens du bord » et ont par exemple interdit l’irrigation sur une bande de 200 mètres en bordure des cours d’eau. Ceci était évidemment totalement arbitraire et dénué de fondement hydrologique.

 

Depuis cette époque, nous assistons à une recherche désespérée de l’équilibre, le déséquilibre étant provoqué par des prélèvements agricoles totalement disproportionnés à la capacité des milieux aquatiques.

Le développement de l’irrigation s’est fait  sans aucune étude d’impact, après le choc psychologique de l’année 1976, le cumul des forages et pompages n’a jamais été analysé !

 

 

La réaction à l’article :

Le fait que l’irrigation soit montrée du doigt est logique, cette activité étant de type minière, prédatrice d’une ressource commune, développée anarchiquement aux dépends des autres usages pourtant préexistants.

L’irrigation ne peut à la fois exercer un tel impact et avoir la bénédiction de l’opinion publique. Elle bénéficie d’aides PAC confortables[2] et revendique encore les aides publiques pour constituer les fameuses bassines.

Quant aux inquiétudes pour la campagne à venir elles proviennent de la nature même de l’irrigation qui est une pratique à risque. Risque pour elle même et risque pour les autres usages.

En effet plus l’année est sèche plus la demande en eau d’irrigation est forte, ce qui place cette activité contre nature dans la mesure ou elle est diamétralement opposée aux conditions naturelles.

Le président des irrigants conteste le choix des indicateurs de la ressource en eau utilisés par l’Etat pour déclencher les alertes, et en l’occurrence dans l’article du 12 juin celui se St Coutant .

 

Cela s’explique simplement par le fait qu’il oublie 2 éléments fondamentaux :

-         l’alimentation en eau potable des populations est prioritaire,

-         l’irrigation n’a pas priorité sur la protection des milieux aquatiques.

Ces réalités appellent des limitations fortes de irrigation.

 

La discussion répétée des indicateurs de gestion est un moyen pour la profession agricole de gagner du temps.

La définition scientifique des capacités des milieux naturels à subir les prélèvements de toute nature permettra d’affecter à chaque usage des volumes d’eau utilisables sans affecter les autres usages.

Il y a 20 ans l’irrigation  a fait une OPA sur l’eau. Au nom de l’intérêt général il faut sortir de cette situation de « fait accompli » .

 

Pour l’APIEEE son porte parole

Daniel Barré



[1] CSP : conseil supérieur de la pêche devenu aujourd’hui ONEMA, Office national de l’eau et des milieux aquatiques

[2] Il y a lieu de distinguer les céréaliers des éleveurs.

Publié dans Communiqués de presse

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