X ième tranche d'HISTOIRE D'EAU sur la vallée de la BOUTONNE

Publié le par la pie des deux-sèvres

Le président de la CLE (Commission Locale de l’EAU) du SAGE Boutonne vient, sans rire, nous inviter, les représentants des associations de Pêche et de Protection de la Nature siégeant à cette CLE, à une réunion le 21 prochain.
Reconnaissons-le, Monsieur MARTIN, dont l’arrivée à la présidence de la CLE remonte à 2ans, a permis de débloquer le dialogue dans cette assemblée. Nous l’y avons encouragé et contribué à apporter une participation constructive, pour aboutir à ces progrès.
Il est sans doute animé de bonnes intentions, il est sans doute condamné, à ce poste , à trouver le quasi impossible compromis entre les défenseurs de l’intérêt général, du "développement durable" pour faire court, et le groupe de pression absolument impressionnant dans ses œuvres que sont les agriculteurs les plus aisés et les plus prédateurs du bien commun qu’est l’eau, par un lobbying de tous les instants sur les élus, les syndicats d’eau et les administrations.
Le poids de ce lobbying est tel qu’il est illusoire de vouloir le compromis sur tout. C’est pourtant ce que s’entêtent à faire Monsieur MARTIN, les élus des syndicats d’eau (ruraux essentiellement) et... les administrations (voire article ci-dessus).

Nous ne confondons pas les genres. Les décideurs dans le collège des élus, les usagers... agricoles et les autres, et les administrations dont le rôle théorique est de fournir à l’Etat et aux décideurs des solutions techniques allant dans le sens de l’intérêt général.
Les administrations d’Etat sont sous les ordres du Préfet de Région. Ce Préfet en place, s’est illustré dans son poste antérieur en Charente Maritime en considérant l’économie des irrigants comme centrale dans notre région, confondant cet intérêt économique (pourtant si in-démontré par un refus constant de faire la lumière sur la question par des études existantes mais gardées sous le coude de l’Agence de Bassin et... de la Région pourtant représentées à la CLE !) avec celui de tous les autres intérêts économiques, mais aussi sociaux et environnementaux.

La bataille juridique d’annulation du SAGE arrêté par le Préfet en question fin 2005, que nous avions gagnée, avait obligé à modifier le SAGE pour être ré adopté en décembre 2007. Notre contribution tenace et constructive avait abouti à décider dans le nouveau SAGE de revoir à la hausse dans les six mois, le Débit de Crise ( DCR : débit en dessous duquel on ne devrait jamais descendre en période de crise).
Qu’en a-t-il été ?
Palabres, lobbying habituel, études, interrogations et doutes émis y compris par les administrations. Tout y est passé !
Pour aboutir à une proposition adoptée en bureau de le passer de 400 à 470 L/S au Moulin de Châtre.
Peine perdue, le lobbying par un dernier coup de rein a gagné en séance plénière. Les responsables et administrations ont expliqué qu’il n’y avait aucune chance de faire adopter ce nouveau débit par le SDAGE (ce qui état parfaitement envisageable quelques mois avant) sous prétexte qu’on ne pouvait asseoir cette nouvelle proposition sur des « données suffisamment fondées scientifiquement » !
Donc vote majoritaire (quasi unanime) de la CLE pour renoncer à le rehausser en parfaite contradiction au « mandat » du SAGE lui-même. En d’autres termes la CLE s’est ........ devant l’agriculture et les administrations. Déjà !!! Pourtant le Débit de crise à 400 L/S est dépassé pratiquement tous les ans depuis 10 ans.
QUID de l’argument scientifique ! Et aveu cinglant de la faillite de l’Etat pour mesurer la correspondance à un niveau donné de débit correspondant au début de la dégradation de l’état des milieux aquatiques !
Il faut tout de même bien dénoncer cet état de fait !

Maintenant, second épisode : Les Volumes Prélevables

On s’évertue donc depuis septembre (date prévue initialement pour remettre des propositions du SAGE au Préfet coordonnateur de Région), à repousser les échéances, emberlificotés dans des querelles d’experts sur les consommations agricoles et leurs évolutions, pour tenter de trouver l’introuvable (car les irrigants ne veulent rien lâcher ou presque) compromis sur des données qui non seulement ne seront pas scientifiquement avérées tant la distance entre les experts est grande, mais ne correspondent pas à la demande de la LOI et de la DCE, puisqu’il n’est nulle part question de l’estimation des volumes nécessaires aux milieux mais que de consommations agricoles passées.

Alors il faudra se souvenir le moment venu (le 11 janvier peut-être si la nouvelle date est enfin la bonne !) des promesses faites et bafouées sur le DCR, des arguments utilisés et de leurs fondements pour le moins contraire à la réalité dès cet été et de la vigueur des interventions et de la vigilance à observer nécessairement de notre part... car avec ou sans nous, il y a fort à parier qu’une majorité, peut-être de circonstance, se trouvera pour adopter tout sauf un volume prélevable en fonction de la nature des ressources après leur garantie des besoins en eau potable et la satisfaction du bon fonctionnement des milieux 8 années sur 10.

Pierre-Olivier
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