les zones humides des deux-sèvres
LES ZONES HUMIDES
Au cours du XXème siècle, les 2/3 des zones humides ont disparu en France, pour atteindre à peine plus de 2,5 % du territoire métropolitain (hors vasières, milieux marins, cours d’eau et grands lacs). Pourtant plus de 50% des espèces d’oiseaux dépendent des zones humides et 30% des espèces végétales remarquables et menacées en France y sont inféodées.
- Définitions des milieux humides – zones humides
Les définitions sont multiples, ce sont des milieux d’interface, en lisière entre terre et eau, subissant de constantes variations dans l’espace et le temps. Ce sont donc des milieux très variés, difficiles à délimiter, qui se forment en frange des rivières, des étangs, des lacs, des estuaires, des deltas, des baies ou encore des sources.
Le terme "zone humide" recouvre des milieux aussi divers que les vasières, marais et lagunes littoraux, prés salés, prairies humides, marais salants, mares temporaires ou permanentes, forêts ou annexes alluviales, tourbières, mangroves… qui ont les caractéristiques suivantes :
- La présence d'eau au moins une partie de l'année ;
- La présence de sols hydromorphes c'est-à-dire de sols saturés en eau;
- La présence d’une végétation de type hygrophile, adaptée à la submersion ou aux sols saturés d'eau.
Il existe un grand nombre de types de milieux humides, chacun divisés en nombreuses unités écologiques et également de nombreuses classifications des milieux, de portée internationale, européenne, nationale ou locale.
On parle plutôt de zones humides lorsqu’il s’agit de zones protégées, et de milieux humides du point de vue de l’écologue.
La Convention sur les zones humides d’importances internationales, appelée Convention de Ramsar, est un traité intergouvernemental signé en 1971 qui sert de cadre à l’action nationale et à la coopération internationale pour la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources. La classification distingue les zones humides marines et intérieures, à l’intérieur desquelles deltas, rivières, lacs, mares, marais permanents et intermittents. (voir: classif ramsar.pdf)
Ex : Le fier d’Ars en Ré , la Camargue sont classés zones humides Ramsar
Au niveau national :
En France, les zones humides ont été définies par la loi sur l’eau du 3 janvier 1992 puis par des textes récents : Article L.211-1 et article R.211-108 du Code de l’environnement
L’arrêté du 24 juin 2008 modifié par l’arrêté du 1er octobre 2009 explicite les critères de définition et de délimitation.
La circulaire du 18 janvier 2010 en précise les modalités de mise en œuvre.
Le code de l’environnement les définit comme « les terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire ; la végétation, quand elle existe, est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année ».
(voir le site eaufrance : les zones humides http://www.zones-humides.eaufrance.fr/?q=node/189)
Les « milieux à composantes humides » couvrent environ 2.26 millions d’hectares, selon l’inventaire élaboré en 2009 par la Muséum national d’histoire naturelle et le SOeS[1].
Au niveau du bassin hydrographique Loire-Bretagne :
SDAGE 2010-2015(Schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux)
- Typologies – classifications
Plusieurs typologies des zones humides sont utilisées en France :
· la typologie « Corine Biotope » utilisée en France pour le recensement des ZNIEFF[2] de deuxième génération.
· La typologie SDAGE[3] offre un cadre général intéressant à l’échelle de vastes territoires comme les 6 grands bassins versants français. Elle distingue 13 grands types de zones humides dont les bordures de cours d’eau, les plaines alluviales, les « bas-fond » en tête de bassin, les régions d’étangs, les bordures de plans d’eau, les marais et landes humides de plaine, les Z.H ponctuelles et les ZH artificielles. Pour les inventaires et études plus fines à l’échelle des SAGE par exemple, la typologie « Corine Biotope » est plus adéquate.
· La typologie Med Wet : utilisée dans le cadre des inventaires menés dans le Bassin Rhône Méditerranée Corse.
· La typologie Natura 2000 , non spécifique aux ZH, utilisée dans le cadre de la Directive européenne sur les Habitats, décrit 8 grandes rubriques.
· La typologie EUNIS (European Nature Information System) est un système de classification pan-Européen prenant en compte tous les types d'habitats et conçu pour relier et correspondre avec les autres grands systèmes de classification européens
· Enfin, certaines « typologies fonctionnelles » visent à caractériser les zones humides selon leurs fonctions.
- Protections - réglementation
Le code de l’environnement instaure et définit l’objectif d’une gestion équilibrée de la ressource en eau et en particulier la préservation des zones humides. Il affirme le principe selon lequel la préservation et la gestion durable des zones humides sont d'intérêt général. En conséquence, l'État et ses établissements publics, les régions, les départements, les communes et leurs groupements veillent, chacun dans son domaine de compétence, à la cohérence des diverses politiques publiques sur ces territoires.
Le système de protection d’un certain nombre de zones humides, comme celui des autres espaces naturels, s’appuie sur un ensemble de mesures contractuelles ou réglementaires ainsi que d’outils comme la maîtrise foncière. Ce dispositif s’intègre dans l’élaboration d’une trame verte et bleue décidée dans le cadre du Grenelle de l’environnement.
Le statut de protection de nos zones humides peut ainsi provenir
– Soit de leur classement dans le réseau Natura 2000 , par arrêté ministériel, comme ZSC « zone spéciale de conservation » ou ZPS « zone de protection spéciale ».
Les ZCS visent à préserver des espèces et habitats naturels d’intérêts communautaires (directive Habitat de 1992) et les ZPS concernent la protection des oiseaux sauvages (Directive Oiseaux de 1979)
– Soit éventuellement en tant qu’élément d’un parc naturel régional
– Soit par mesures réglementaires au niveau départemental, comme des Arrêtés de protection de biotope (APPB) afin de favoriser la conservation des biotopes nécessaires à l’alimentation, à la reproduction, au repos ou à la survie d’espèces protégées au plan national ou régional.
– Soit également en tant que Réserves biologiques , ou Réserves de pêche
– Enfin par la maitrise foncière, de la part des Départements, des Conservatoires régionaux et départementaux.
- Les zones humides protégées des Deux-Sèvres[4]
Des espaces « Natura 2000 » pour la plupart :
- Les Chaumes d’Avon
http://natura2000.environnement.gouv.fr/sites/FR5400445.html
http://www.poitou-charentes.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/DOCOB_43_cle59a613.pdf
1500 ha entre Bougon et Avon comprenant des zones inondables sur le cours de la rivière Le Bougon au sud de la côte Belet, « les Champs pourris » avec de nombreuses mares plus ou moins permanentes, ruisseaux temporaires, prairies inondables sur sols marneux. Présence de 11 espèces d’Amphibiens et en particulier du Sonneur à ventre jaune et du Triton crêté.
- la vallée de la Boutonne
http://natura2000.environnement.gouv.fr/sites/FR5400447.html
7000 ha sur le bassin amont, de la Boutonne de la Belle et d’une partie de la Beronne.
50% de la superficie est occupée de prairies semi naturelles humides, d’eaux douces stagnantes ou courantes. Présence de Loutres, Chabots, Lamproies, Cuivré des marais, Agrion de mercure.
- la vallée du Magnerolles. (et APPB)
http://www.poitou-charentes.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/docob_42_cle5c6bca.pdf
http://natura2000.environnement.gouv.fr/sites/FR5400444.html
Il s’agit d’un petit affluent (une dizaine de km) de l’amont de la Sèvre Niortaise, qu’il rejoint en rive droite juste avant St Maixent. Il se trouve là un habitat remarquable et la plus grosse population d’Ecrevisses à pattes blanche de la région.
- la vallée de l’Autize
http://www.poitou-charentes.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/DOCOB_41_cle5c4919.pdf
http://natura2000.environnement.gouv.fr/sites/FR5400443.html
Il s’agit de tout le réseau primaire et secondaire de la haute vallée de l’Autize, des petits ruisseaux d’eaux vives sur sols acides, et des prairies semi naturelles humides.
Présence de la Loutre, d’Ecrevisses à pattes blanches et de Lamproies.
- le ruisseau du Magot
http://www.cpie79.fr/linked/lettre-info%20n%B01.pdf
http://natura2000.environnement.gouv.fr/sites/FR5400441.html
240 ha sur les 7 km d’un petit affluent de l’Auxance, à la limite avec la Vienne. Ruisseau bien oxygéné et prairies humides de bocage. Présence d’Ecrevisses à pattes blanches, de Lamproies et de Chabots.
- le bassin amont du Thouet
http://natura2000.environnement.gouv.fr/sites/FR5400442.html
http://www.poitou-charentes.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Docob_40_cle59e3ad.pdf
7000 ha du réseau du haut bassin du Thouet, comprenant 8 ruisseaux aux eaux acides et bien oxygénés sur le bocage gâtinais. Prairies semi naturelles humides, forêts alluviales à Aulnes et Frênes avec la présence de l’Ecrevisse à patte blanche, l’Agrion de mercure, Lamproies et Chabots.
- la vallée de l’Argenton
http://natura2000.environnement.gouv.fr/sites/FR5400439.html
http://www.poitou-charentes.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/DOCOB_37_cle561bc5.pdf
750 ha sur trois vallées, de l’Argenton, de l’Ouère et de la Madoire.
Abrite 3 types d’habitats « humides » : forêts alluviales résiduelles en bordure de cours d’eau sur sols inondables et mégaphorbiaie, des mares temporaires d’hivers, une végétation flottante de renoncule des rivières. Présence de Loutres et de Chabot.
- les Etangs de l’Argentonnais
- le Marais Poitevin (et APPB)
http://natura2000.environnement.gouv.fr/sites/FR5400446.html
Près de 10 000 ha en Deux-Sèvres. La zone interne du marais, la "Venise verte" est sous l'influence exclusive de l'eau douce et rassemble divers milieux dulcicoles continentaux : forêt alluviale et bocage à Aulne et Frêne, fossés à eaux dormantes, bras morts, plus localement, bas-marais et tourbières alcalines.
L'extension de janvier 2004 rajoute au site les vallées de la Guirande, de la Courance et du Mignon.
Présence du Triton crêté, de la Loutre, de l’Agrion de mercure, du Cuivré des marais, de Lamproies, Aloses et d’une fougère aquatique la Marsiléa à 4 feuilles.
Des espaces faisant l’objet d’un arrêté préfectoral de protection de biotope [5] :
- la vallée de la Sèvre Niortaise à l’aval de Niort ou « Venise verte » (APPB) voir la carte apb_veniseverte.png
2600 ha sur les communes de Coulon, Magné, le Vanneau, Bessines, Sansais et Amuré.
http://diren.observatoire-environnement.org/apb/79AR13.pdf
- La tourbière du Bourdet-Amuré (APPB)
25 ha entre le Bourdet et Amuré
http://diren.observatoire-environnement.org/apb/79AR14.pdf
- La retenue d’eau du Cébron (APPB)
Sur les communes de Lageon, St Loup-lamaire, Louin.
http://diren.observatoire-environnement.org/apb/79AR17.pdf
- Le ruisseau du Magnerolles et ses affluents (APPB)
1800 ha sur les communes de Soudan, St Eanne, Nanteuil, Fomperron
http://diren.observatoire-environnement.org/apb/79AR16.pdf
Des espaces sur lesquels le Conservatoire d’Espaces Naturels de Poitou-Charentes [6] intervient par maîtrise foncière ou d’usage :
- Le Marais de Clussais-la-pommeraie (entre Lezay et Sauzé)
- La prairie de Poulandin (près de Lorigné)
- La prairie de Lezay
- le marais de la Garette
- le marais de Bessines à l’Ouchette
- le marais de St Georges de Rex – Amuré
- le marais de St Hilaire – Arçais
- la tourbière du Bourdet –Amuré
- la tourbière de Prin-Deyrançon.
- la vallée amont de la Sèvre Niortaise (plaine alluviale)
- site de Grifférus à Moûtiers sous Argenton
5. Les Milieux et Habitats Naturels Humides des Deux-Sèvres
Le « Catalogue des habitats naturels du Poitou-Charentes » (PCN 2006)[7] recense la totalité des habitats présents dans les quelques 25000 km² de la région. 232 habitats sont ainsi répertoriés et présentés dans 9 sections distinctes correspondant aux grands types de milieux observables. En croisant ces données avec celles issues de l’Annexe I de la Directive Habitats (Communauté Européenne, 1993), il apparaît que 130 (56%) de ces habitats possèdent une valeur patrimoniale élevée.
A partir de cet inventaire, nous présentons ci-après les habitats aquatiques et humides qu’il est possible de trouver en Deux-Sèvres.
Les Milieux aquatiques
Les eaux courantes
1) Le lit mineur des rivières et la végétation immergée associée :
Cf vallée du Thouet, de l’Autize
On distingue 4 types de végétation selon le type de rivière:
Celle des rivières du nord (eaux acides à neutres sur roches siliceuses) se caractérise par des herbiers peu denses à Callitriche à crochets, Potamogeton à feuille de renouée, Myriophylle, accompagnés d'une algue rouge (Batrachospermum spp)
Celle des eaux claires, riches en calcaire des rivières du sud se caractérise par la présence d'espèces ne supportant pas la turbidité de l'eau comme la Berle dressée, la Callitriche, le Cresson de fontaine, le Rubanier. Une mousse, Cratoneuron filicinum, colonise les pierres émergées.
La Menthe aquatique , le Myosotis des marais , la Sagittaire se mélangent volontiers aux herbiers. Avant l'arrivée des ragondins dans notre région, cette végétation était dominée par des massifs denses de Scirpe lacustre.
Celle des eaux mésotrophes neutre à basique des ruisseaux et ruisselets, composée de Renoncule et Callitriche, les bryophytes principalement représentées par Fontinalis antipyretica. Cet ensemble peut se trouver en mélange avec la Menthe aquatique la renoncule peltée et à feuilles de capillaire.
Celle des eaux eutrophes des rivières larges, très éclairées, se développe surtout au niveau des radiers, où le courant s'accélère ; elle est constituée d'herbiers très denses, remarquablement fleuris à Renoncules flottantes, accompagnée par des plantes plus discrètes, telles que la Myriophylle en épis et le Potamot noueux.
Dans les zones à courant plus lent, le Cornifle submergé et le Nénuphar jaune, accompagnées par des espèces amphibies comme le Cresson de fontaine, le Mouron d’eau et malheureusement depuis peu, par deux plantes invasives, Ludwigia grandiflora et Ludwigia peploides. (Jussie à grandes fleurs et Jussie rampante)
2) Végétation des sources
Cf sources et ruisselets forestiers (Lysimaque des bois, Laiche espacé, Dorine à feuille opposées, véronique des montagnes, Populage des marais)
Les eaux calmes des mares, étangs, bras morts, fossés et canaux
3) Végétation immergée
4) Végétation flottante libre
5) Végétation flottante fixée
6) Habitat aquatiques artificiels,
Cf les canaux et fossés de la Venise verte, (hydrocaris des grenouilles)
Les Milieux palustres
Les rivages avec végétation
7) Roselière basse à moyenne
(Glycérie aquatique, Baldingère faux-roseau, Plantain d’eau à feuille lancéolée, Scirpe des marais)
8) Roselière haute
(Massettes, Jonc des chaisiers, Phragmites, Scrofulaire)
9) Prairies flottante à petits hélophytes
Cf rives des petits ruisseaux et des plans d’eau
(Cresson de fontaine, Ache nodiflore, Glycérie flottante, Menthe aquatique, Plantain d’eau, Berle dressée)
10) Gazons amphibies vivaces
Cf vallées autour d’Argenton le château, étangs de Gâtine
(pelouses extrêmement réduites et rares d’ Isoetes, Ophioglosses, Litorelles)
Les bas-marais
11) Bas-marais alcalins
Cf la tourbière du Bourdet
(Mouron délicat, Carex, Parnassie des marais, Epipactis des marais, évolution et appauvrissement avec Aulne, Bourdaine, Saules puis prairies tourbeuses à Molinies et Joncs noueux)
12) Bas-marais acidophiles
Cf rares tourbières très localisées du nord ouest (Carex, Juncus, Linaigrettes)
13) Magnocariçaies
Cf les zones de dépressions humides en bords de cours d'eau ou en queue d'étangs occupées par de grandes communautés de Laîches d’un mètre de haut. (carex ou laîche des rives, paniculée, Scirpe des marais, Salicaire, Reine des prés…)
14) Cladiaies, formations à Marisques
Habitat marqué par l’abondance des Marisques, grandes Cypéracées de 2 à 3 m de haut.
Cf tourbière de Prin Deyrançon (« Rouches » ou Marisques, Euphorbe des marais )
Les prairies humides
15) Mégaphorbiaies marécageuses
Cf Argenton, Thouet, Thouaret, Sèvre, Dive, Autize (végétation à Reine des prés, Prêle, Salicaire, Grande Consoude)
16) Prairies oligotrophes à Molinies des sols humides peu perméables
Cf prairies de Gâtine et de l’Argentonnais, communal de Périgné, de Bouasse.
17) Prairies humides atlantiques eutrophes
Cf les vallées de la Boutonne, de l’Autize, du Thouet. (Séneçon, Fritillaire, Joncs diffus, Scirpe des bois)
La végétation annuelle temporaire inondée
18) Gazons à petites annuelles éphémères
Cf les étangs et mares du nord
19) Végétations de grandes annuelles nitrophiles
Cf les étangs de l’Argentonnais
La forêt caducifoliée hygrophile
20) Aulnaie-Frênaie alluviale non marécageuse
Cf les vallées de la Boutonne, Autize, Thouet, Sèvre
21) Saulaie blanche
22) Aulnaie-Bétulaie marécageuse
Cf vallée de l’Autize, de la Vonne, forêts de Secondigny, de l’Hermitain.
[1] Source : CGDD/SoeS - MNHN. Version 2, mai 2009. ONZH_carte_milieux_composante_humideV2.pdf
[3] Schémas Directeurs d’Aménagement et de Gestion de l’Eau
[4] Voir carte de situation sur : zones_humides.gif
[5]http://www.poitou-charentes.ecologie.gouv.fr/spip.php?article277
[6] Liste et carte des sites : CREN PC : http://www.cren-poitou-charentes.org/-Deux-Sevres-.html