Voir plus loin...

Publié le par la pie des deux-sèvres

 

La décision de l’Etat de stopper l’irrigation sur la zone Mignon-Courance est très loin de se cantonner à la tourbière d’Amuré – le Bourdet .

Il ne faudrait pas que l’arbre cache la forêt, le véritable sujet étant la sur-exploitation de la ressource en eau par l’irrigation  dans le bassin versant de La Courance comme dans bien d’autres bassins versants en Poitou-Charentes.

La tourbière considérée fait partie de nombreux indicateurs, au même titre que l’ écoulement de l’eau dans la rivière ; vouloir ridiculiser l’observation et le respect  de cet élément naturel relève de la caricature pure et simple .

 

Ce patrimoine naturel constitue certes une rareté très précieuse, mais n’est qu’une partie du sujet beaucoup plus vaste qui est la pérennité d’un cours d’eau entier, La Courance[1],  et bien au-delà puisqu’il s’agit d’une partie de l’alimentation en eau du Marais Poitevin.

 

Quoiqu’il en soit l’eau potable reste une question primordiale. La dénitrification naturelle[2] de cette nappe nécessite un bon niveau, donc une faible concurrence de la part de l’irrigation.

 

L’arrêt total de l’irrigation bien que  pris tardivement, a permis la remontée partielle de la nappe qui n’alimentait plus La Courance, et le retour[3] lent et progressif de l’eau dans une partie de la rivière. La permanence du cours d’eau n’est à ce jour pas normalement rétablie, et personne hélas ne paiera la facture de remise en état des écosystèmes détruits . Cela ne fera que la 18éme fois en 20 ans…

 

En aucun cas il n’est possible de parler d’incertitude en matière de gestion de l’eau, en particulier sur ce bassin .

La Courance est un cours d’eau qui connaissait des écoulements estivaux faibles avant le développement de l’irrigation, y installer une activité prélevant plusieurs millions de mètres cubes d’eau en plein été, ne pouvait conduire qu’a l’assèchement du cours d’eau.

 

Il n’y a aucune surprise et il doit être mis fin à cette situation anarchique. La profession sait que le respect de la réglementation nécessitera la réduction des quantités d’eau qui pourront être utilisées dans les années à venir. C’est d’ailleurs ce que les associations déclarent depuis 20 ans.

 

 En aucun cas ces 20 dernières années ne constituent une situation normale de référence : l’irrigation a été développée de façon « minière »sans aucune analyse de ses impacts et conséquences, le fait que les irrigants aient commencé à réduire les prélèvements d’eau n’est que le début d’un ajustement incontournable à poursuivre.

 

La manifestation de vendredi dernier peut aussi étonner puisque les irrigants ont obtenu de la préfecture des dispositions assouplissants les limitations sur le bassin de La Sèvre Niortaise ce que les associations regrettent et dénoncent.

 

Plus généralement nous pouvons partager avec la profession agricole le soucis de maintenir une agriculture à taille humaine, mais aimerions pour cela que les prochaines négociations menées dans le cadre des aides publiques , aient comme objectif de bien rémunérer les pratiques respectueuses de l’eau et des sols et dissuader les pratiques nocives.

 

Quant aux bassines artificielles de stockage, si le concept paraît séduisant, il doit être abordé avec beaucoup plus de sérieux que ne l’a été le développement l’irrigation, faute de quoi les projets seront sévèrement critiqués par l’opinion .

Les aspect techniques et financiers constituent avec les questions environnementales 3 axes à appréhender à l’échelle des bassins versants .

 

Quoiqu’il en soit ce n’est pas en sacrifiant l’eau et les rivières que l’agriculture sera sauvée, et le débat de fond est bien à l’échelon européen et national.

Et cela fait plus de 20 ans qu’il en est question…

 

 

Pour l’APIEEE son porte parole Daniel Barré.

 

 

 



[1] Cours d’eau reconnu permanent par une expertise judiciaire dans le cadre d’un contentieux initié par l’APIEEE en 1997.

[2] Les bactéries « dénitrifiantes » exigent une nappe haute afin d ‘éviter l’entrée d’oxygène qui ferait cesser le phénomène.

[3] L’APIEEE, grâce à son réseau d’observateurs décrit régulièrement les cours d’eau et a alerté l’Etat sur l’urgence qu’il y avait à prendre des mesures strictes et légales pour préserver les écosystèmes aquatiques. Des tronçons de rivières étaient déjà détruits .

Publié dans Communiqués de presse

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