Le point sur les rivières cet été

Publié le par la pie des deux-sèvres

La situation des cours d’eau du nord :                

      Dès les premiers jours de juillet, les débits de l’Argenton, du Thouet et du Thouaret, de la Sèvre nantaise et de l’Autize ont chuté à des valeurs inférieures aux débits d’alerte :

Au premier juillet moins de 240 l/s à Massais pour l’Argenton, moins de 80 l/s pour le Thouaret, 58l/s pour l’Autize, 200 l/s à St Loup Lamairé pour le Thouet le 8 juillet . La Sèvre Nantaise est en difficulté dès le 10 juin.

            Les débits de crise qui mettent en péril les milieux aquatiques sont malheureusement atteints et dépassés dès le 8 juillet pour le Thouaret qui est en rupture d’écoulement au 15 août,  mi-août pour l’Autize (40 l/s) et l’Argenton (50 l/s).

La Dive du nord est encore à 460 l/s au 1er septembre (alerte).

 

La situation des rivières du sud :

      Le débit de la Sèvre niortaise au pont de Ricou n’était que de 1,2 m3/s, sous le niveau d’alerte dès le 1er juillet au lieu des 1.7m3/s habituellement, (2,5 m3/s au lieu de 4 à la Tiffardière près de Niort), puis sous le débit de coupure de 700 l/s début août .

      Au premier juillet la Boutonne avait encore un débit de 1800 l/s au moulin de châtre à St Séverin, mais 10 jours plus tard le premier niveau d’alerte des 800 l/s était atteint, puis le second niveau de 600 l/s le 23 juillet,  le débit de crise de 400 l/s a été franchi les premiers jours d’août, un maigre débit de 350 l/s se maintient plus ou moins ensuite.

 

      Comme l’an passé, des arrêts d’écoulement et des assecs sont observés sur le cours moyen du Mignon et de la Courance dès la fin du mois de juillet, en août et jusqu’à présent le Mignon est à sec sur tout l’amont de Mauzé et sans écoulement à l’aval, la Courance est à sec excepté entre Granzay et Le Bourdet.

 

      Dans le Marais, les biefs alimentés par ces deux rivières sont à des niveaux très inférieurs aux cotes contractuelles : 20 à 50 cm en dessous à Sazay Chaban, plus de 50 cm en dessous pour le bief de La Grève. Les biefs des Bourdettes et de la  Sotterie alimentés par la Sèvre ont pu maintenir les niveaux contractuels. Le Bief de l’Aqueduc alimenté par l’Autize est à plus de 50 cm sous la référence !

 

      Courant août les relevés de terrain de la Fédération de Pêche et de nos bénévoles montrent que l’Aume amont ne présente plus aucun écoulement, la Dive du sud est en assec, l’Auxence amont est en assec et rupture d’écoulement.

 

      Plus globalement, les relevés effectués par l’ONEMA et la fédération de pêche sur 1025 km de linéaires de rivières (Mignon, amonts de la Sèvre et du Lambon, Boutonne et affluents, Aume et Couture, Dive du sud, Dive du nord et Thouaret ) ont fait état de 44% d’assec ou d’arrêt d’écoulement au 15 août, ( 456 km)…

 

Les conditions météorologiques :

      A Niort, le cumul des précipitations depuis octobre 2009 jusque fin août 2010 est à peine inférieur à la moyenne interannuelle, 746 mm pour 800 mm de moyenne.  En revanche, la pluviométrie de l’été est très faible, 148 mm de juin à août à Niort, c’était 142 mm l’an passé mais 254 mm l’été arrosé de 2007.

   

      L’état de nos rivières et des milieux humides pendant l’été dépend ces dernières années, d’une part des conditions météorologiques et d’autre part des activités humaines comme des prélèvements agricoles et domestiques qui y sont effectués plus ou moins directement.

 

Les prélèvements d’eau dans le milieu :

 

En été, les prélèvements sont essentiellement ceux de l’irrigation, de celle de maïs pour la plus grande part actuellement, 28.7 millions de m3 en moyenne en 3 mois, et 18.6  pour l’eau potable (avec une constante tendance à la baisse, -18% depuis 2000, pour cette dernière utilisation).

Les volumes d’irrigation utilisés sont très variables d’une année à l’autre, du simple au double, avec un maximum de 34 millions de m3 en 2003 et des minima de 17 millions de m3 pour des étés pluvieux comme ceux de 2007 et 2008.

 

Les volumes utilisés sont proportionnels au déficit qui apparaît pour une période donnée (la semaine par exemple) entre la pluviométrie efficace pendant cette période, la réserve utile du sol de la culture et les besoins de la plante, qui sont eux fonction de l’Evapo-Transpiration Potentielle (ETP) de la période (fonction de la température et du vent) et du stade de végétation du maïs lui-même.

 

Ainsi cette année, les cumuls de juin à août de cette ETP ont été de 436 mm, un peu plus que l’été dernier (427mm) mais 20% de plus qu’en 2007 (360 mm).

      Combiné à la faible pluviométrie de la même période, les déficits pour cette culture ont été respectivement de 288 mm cet été, 286 mm l’été dernier et 106 mm l’été 2007.

On comprend dès lors que les maïs implantés sur des « terres de groie » peu profondes dont la réserve utile est de 40 à moins de 100 mm ( les plus courants sur les bassins du Mignon, de la Boutonne, de la Sèvre) vont nécessiter pour subsister un apport complémentaire conséquent en irrigation, ce qui n’est pas le cas pour des sols plus profonds de RU supérieure à 200 mm.

Nous pouvons donc prédire que les volumes d’irrigation potentiellement nécessaires seront proches de ceux de l’année 2009, à moduler en fonction de la réelle application des périodes de restriction ou d’arrêt de l’irrigation.

      Rappelons que les prélèvements effectivement effectués en nappes et rivières l’année dernière ont été de 17 millions de m3 plus 5.5 Mm3 par l’intermédiaire des barrages du Cébron (Puy Terrier) et de la Touche Poupard, soit 22.5 Mm3 au total, les deux tiers des volumes « autorisés » actuellement.

 

Il semble que le pressing que nous exerçons sur l’administration pour une application plus rigoureuse de règles de gestion un peu plus contraignantes a permis une certaine baisse des volumes d’irrigation réellement utilisés les années sèches, 34 millions de m3 en 2003, 22.5 Mm3 en  2009 pour sensiblement les mêmes surfaces irriguées, mais cela ne suffit encore pas à préserver certaines zones des assecs et des arrêts d’écoulement !

 

La gestion « administrative » de l’eau :

 

      Globalement les mesures de restriction et d’arrêt d’irrigation ont été prises au fur et à mesure du franchissement des seuils de référence 

fin juin, 4 zones de gestion sur 18 (Aume, Mignon ; les 2 Sèvres) connaissent les premières restrictions, début juillet, 9 zones sur 18,

début août, 6 zones sont en arrêt total (Boutonne superficielle, Mignon, Sèvre, Clain) puis 10 zones mi-août en arrêt total, 6 en alerte sur 18 zones.

Seules les zones correspondant aux nappes aquifères profondes de la Boutonne et du Clain-Dive du sud ne sont pas touchées par les restrictions jusqu’à aujourd’hui.

 

      Nous avons noté que pour la seconde fois, la Préfecture a anticipé et signé l’arrêt total de l’irrigation sur la zone Mignon-Courance avant le franchissement du seuil de crise (pourtant relevé à   -5.10m à La Jannerie commune du Bourdet), en prenant en compte à juste titre des indicateurs de surface comme nous le demandons. Cela n’a cependant pas empêché l’assec de la Courance et du Mignon quelques jours après.

 

      La situation de cet été illustre encore malheureusement l’insuffisance, la non pertinence des valeurs retenues comme seuils d’alerte ou d’arrêt pour les différents bassins, alors qu’elles devraient permettre d’éviter ses assecs et arrêts d’écoulements les mauvaises années météo. Cela c’est déjà reproduit au moins 5 fois cette décennie !

 

      Seule une diminution importante des surfaces irriguées permettrait d’éviter cela, et c’est ce que l’on n’observe pas vraiment au niveau du département puisque la sole de maïs irriguée est même passée de 12 200 à 12 700 ha en 2009 !

 

E.H

L/s : Litres par seconde

Les volumes utilisés avant l’année 2000 dépassaient parfois les 50 millions de m3 pour 3 mois et demi d’irrigation…

L’APIEEE demande des mesures de restrictions plus fortes.

Publié dans gestion à l'étiage

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